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Cette exposition a été organisée par les habitants de MUSSY, du BARNIGAT et de CATON et s’est tenue du 5 au 20 Avril 2002 à la Maison Commune d’Oingt.

Elle bénéficiait de l’appui de l’association ECOBEAUVAL

MUSSY, un lieu de Vie en pays d’OINGT

Mussy est un hameau de la commune de Saint-Laurent d’Oingt, mais géographiquement situé entre les 3 villages de St Laurent, Sainte Paule et Oingt. 

  • C’est l’histoire de hameaux : Mussy, Caton, le Barnigat, au 20ème siècle racontée par des habitants ,…
  • Un bout de vie dans la grande Histoire, à odeurs de terres et de vignes.
  • Au fur et à mesure que notre planète se rétrécit, le besoin de chacun est de retrouver d’où il vient….


L’exposition comportait 11 thèmes répartis en 11 panneaux de 6 tableaux chacun (3 de textes et 3 de photos).

  
   1- Mussy : Présentation et Origine
   2- Les pays d’Oingt dans l’histoire (16ème /19ème siècles)
   3- Un Siècle d’évolution
   4- Les Moyens de transport et les Routes
   5- Vie et Fêtes au Pays
   6- La Vie dans les Familles
   7- Les hameaux et la Grande Guerre 1914 1918
   8- L’Agriculture dans le Siècle
   9- Le Développement de la Vigne 
 10- Cuvages-Pressoirs et Four à Pains
 11- Personnalités et Personnages

 

L’exposition qui suit se veut résolument du 20ème Siècle. Il s’agit de l’évolution observée dans un hameau de Saint-Laurent-d’Oingt au cours de ce siècle. Observation qui a pu se réaliser grâce à deux viticulteurs viscéralement attachés à leur lieu de naissance, à leur métier et au cadre à l’intérieur duquel leur activité professionnelle s’est exercée.

 Tous deux, habitants de Mussy, ont commencé pour eux-mêmes, puis pour les familles du hameau et des communautés proches (le Barnigat et le Caton) avec l’histoire de leur famille et de leur maison. Ce travail totalement réalisé à leur initiative indiquait leur désir de transmettre aux générations à venir ce qu’a été leur vie au 20ème siècle.

 Avec l’appui de l’association Ecobeauval, il nous est présenté des séquences de cette évolution. Pour apporter plus de vécu à ces coups de flash, on peut lire le témoignage des plus anciens habitants du hameau qui ont traversé cette période. La passion et peut-être la nostalgie qui les animent est pour nous contagieuse.


Il s’agit bien comme l’ont précédemment exprimé des personnalités comme Pierre MICQUEL et Claude BOURDIEU de donner la parole aux acteurs de l’histoire locale et paysanne et à leurs descendants. Cette histoire n’est pas l’Histoire : celle des rois et des puissants, mais elle donne à celle-ci un autre regard. Avant de nous consacrer exclusivement au 20ème siècle, il nous a semblé nécessaire de retrouver des éléments fort des siècles précédents.

Les acteurs de la réalisation :
Les personnes ayant contribué à la réalisation de cette exposition doivent être principalement remerciées :
Charles TRIBOULET et Lucien LOUIS ont été les collecteurs attentifs des données locales,
Jean REBY-FAYARD a assuré la coordination,
Marie-Hélène JOLY-TRIBOULET, Martine REBY-HINARD, Michel DELACOLONGE, Myriam MARION ont apporté une participation décisive aux travaux.

L’association chargée de mettre en forme le travail en collaborant avec « Mussy » a choisi dès sa création le sigle ECOBEAUVAL : ECOmusée- BEAUjolais -VAL ( pour Val de Saône et d’Azergues). En attendant que les éléments soient rassemblés, ECOBEAUVAL se résume en Association des mémoires locales.

L’équipe de réalisation remercie aussi : Antoine DUPERRAY (Maire d’Oingt) et Michel BONNARD pour la mise à la disposition de la Maison Commune, ainsi que : Andrée MARGAND et Renée DUPOIZAT pour leurs précieux conseils historiques. Une mention spéciale également est adressée aux responsables de la Maison du Patrimoine à Villefranche, cette dernière étant source de précieux documents.

La Féodalité dans nos régions :

Sans aucune prétention, nous sommes partis à la recherche de ce que pouvait être MUSSY et plus généralement la vie en pays d’OINGT dans les périodes antérieures au XX° Siècle.

Du moyen Age à la Révolution Française les rapports concernant les personnes et les Terres s’appuyaient sur le Système Féodal (les Suzerains régnant sur les fiefs protégeaient des vassaux, eux-mêmes Suzerains d’autres Vassaux etc…). Les paysans se trouvaient au dernier échelon de ce « maillage ». Le Suzerain protégeait son Vassal des hordes armées envahissantes, en contre-partie, celui-ci devait verser des impôts (ban et arrière ban pour les nobles, servis pour les roturiers)

En pays d’OINGT, existait un fief important : Prony qui dépendait directement du Château de Pierre Scize à LYON et qui était considéré avant le 16ème siècle par certains comme « l’Oeil du Roi de France ». et  « Le Fief de Prony, le plus important des fiefs des alentours ne devait, que « le ban et l’arrière-ban au Roi de France.. ». ( Référence « d’Iconium à Oingt » édité par les amis du Vieux Village d’ Oingt). Ensuite son rôle fut surtout économique. Lorsque les roturiers devenaient propriétaires de terres nobles, ils ne pouvaient pas bénéficier de la rente noble.

Les 4 roturiers propriétaires de Prony de 1759 à 1766 en firent la triste expérience, économiquement, ils n’ont pu faire face et revendirent leurs propriétés à Me Riche dont le fils aîné fut fait baron de Prony en 1828.

Le hameau de MUSSY :
Par sa position cachée et son relief très pentu, il ne pouvait manquer de générer des spécificités locales. Pourtant Mussy, attaché à St Laurent d’OINGT depuis le 10ème Siècle, n’a été relié par une route nouvelle à sa commune d’origine qu’en 1900.

Mussy, plus proche d’Oingt que de St Laurent, communiquait difficilement avec les deux bourgs. On pourrait croire que la proximité a été essentielle, cependant, Oingt, limité au seul bâti, donc fermé, telle que nous le connaissons maintenant, n’a pas joué un rôle décisif vis à vis de son voisinage contrôlé jusqu’à la fin du 17ème siècle par le Prieuré de St Laurent.
La Baronnie d’OINGT, vassale du Comté ecclésiastique des archevêques de LYON, était pourtant chargée de la garde militaire du Prieuré. OINGT se trouvait depuis l’époque Gallo-romaine sur des voies reliant la Saône à Saintes (les voies antiques du lyonnais M.C. GUIGUE). Mussy, bien que peu visible, n’était pas éloigné des voies de communication.

Un autre particularisme de l’histoire locale mérite d’être relevé : la rivalité des Archevêques de LYON et des Abbés de Savigny ( l’Abbaye est propriétaire du Prieuré de St Laurent), soutenus par les Seigneurs de Beaujeu, ce qui donna lieu à de multiples points de friction.

Le Lyonnais, terre d’empire, fut annexé au royaume de France en 1314. Le Beaujolais allié de la France, ne devint français qu’à la fin du 15ème siècle. Il se trouvait que Oingt, Sainte Paule et St Laurent, mais aussi Ville sur Jarnioux se trouvaient à la frontière en Lyonnais. Par contre Létra et Chamelet dépendaient de la Seigneurie du Beaujolais. Mussy, proche de la frontière, a-t-il bénéficié ou souffert de cet écartèlement ?

Pourquoi ce nom de « MUSSY » le lien avec le VERVUIS :  
Une première proposition vient de l’abbé Gazel, ancien curé de St Laurent. MUSCIUS, officier romain, eut par Jules CESAR le bas du vallon et a fait Mussy, de la même façon, pour un autre hameau : PRONUS, aussi officier romain aurait donné : Prony, hameau proche de la commune de Oingt.

Renée Dupoizat, habitante de Mussy, donne davantage une explication topographique et ne lie pas l’origine du mot à la date de l’implantation d’habitants à Mussy (on a des certitudes pour le 17ème siècle, on peut supposer une création antérieure d’un siècle ou deux). Le dictionnaire celtique indique que « Mus » en celte et « Muz » en arabe signifie « caché » et « sy », rivière donc « un lieu entouré de collines et caché dans un bois près de la rivière », de même que prony signifie aussi pente.

L’ancien français utilisait couramment le verbe « se musser » pour « se cacher », se « nicher » dans un creux. « Se musser » était encore en usage au 19ème siècle et on a nommé « mussy » un cageot profond. Il est donc fort probable que le lieu Mussy fut ainsi baptisé par les habitants de St Laurent d’Oingt en fonction de sa géographie. Désolé, soldat Muscius !

Le Vervuis, petit affluent de l’Azergues vient prendre ses sources au pied des collines de Roche Guillon et du Saule d’Oingt. Il forme une vallée étroite, s’élargissant entre Oingt et Ste Paule. C’est juste là que se niche Mussy, « sur l’os du jambon » qui termine la commune de St Laurent (300 m de large entre Ste Paule et Oingt).

A 390 m. d’altitude, bien abrité des vents du Nord, le hameau s’étale le long de sa rue principale le traversant du Sud au Nord, puis tournant à l’Est pour rejoindre la D120 (en desservant Caton au passage.) Au sud un carrefour distribue les routes, de Ste Paule à Oingt la D-607 (desservant au passage le Barnigat) et de Saint- Laurent. Dans les sites appréciés des Pierres Dorées, le haute vallée du Vervuis apporte le cachet des vignes implantées sur les pentes, formant un paysage ouvert et varié. Ce paysage est le résultat de la volonté d’hommes prêts à s’accrocher à leurs racines. Si le paysage est un atout pour la région, il n’est pas gratuit, ni garanti à long terme.

Un siècle d'évolution

Pendant la «Belle Epoque», Mussy vit modestement. La vigne à la suite du phylloxéra et de la mévente du vin (1905-1910) fait stagner l’économie du hameau. L’habitat demeure modeste et la polyculture revient en force. Une grande partie de la production est auto consommée. La guerre de 14/18 va marquer cette première partie du siècle. Les rescapés, de retour au pays, souvent blessés ont appris surtout qu’une paix était indispensable pour mieux vivre.

L’électricité, le Gaz, le téléphone :
En 1925
, c’est l’arrivée de l’électricité par un transformateur à Prony. Photo du premier transformateur à PROSNY et du second construit à MUSSY.
En 1926, viendront les premiers postes de radio. Dans une famille où un poste vient d’être installé, le voisin entendant une voix demande : « Avec qui tu parles ?»
En 1936 , ce sera le réchaud à gaz.
La guerre de 39/45 obligera à un retour à l’autoconsommation.
Entre 45 et 47 , les habitants les plus anciens se souviennent que la demande trop forte d’électricité produit de brusques chutes de tension. Plus tard, il arrive que ce soit la coupure.
Enfin en 1949 , un transformateur d’électricité est installé à MUSSY. Le problème est résolu.
En 1948, un poste de téléphone est installé à MUSSY pour les trois hameaux en cabine publique.

L’eau :
Traditionnellement, l’approvisionnement en eau se faisait au puits individuel ou en commun. L’eau était tirée avec un seau au moyen d’une chaîne passant sur des poulies.
En 1875, une réserve d’eau est aménagée au nord du hameau :

  • Le «fond» est la réserve d’eau potable : elle est couverte et fermée.
  • Le trop-plein alimente l’abreuvoir pour les vaches et le lavoir. Un auvent protège les lavandières. Une partie des vaches du hameau venait s’abreuver deux fois par jour pendant la période hivernale. Les autres vaches étaient abreuvées avec l’eau des puits.

En 1933, quelques familles ont aménagé des arrivées d’eau par pompes ou par gravitation, l’eau provenant de sources ou de stockage des pluies.

1956 a vu la réalisation du réseau public et la création de sanitaires dans les familles. Durant la Guerre, on battait clandestinement les céréales au fléau et à la machine à bras. Le grain ensuite était nettoyé au tarare puis concassé pour faire de la farine et du pain.

Les moyens de transports et les routes :
Dans les siècles précédents, la force essentielle était celle des bras. Au début du 20ème siècle, les vaches, puis deux attelages de chevaux permettaient d’avoir une force autre que celle de ses bras et de transporter barriques de vin, blé, paille, foin, etc.

Au début du XXème Siècle, pour se rendre aux villages des alentours, les déplacements se faisaient à pied. Les habitants des hameaux allaient au marché avec un panier d’osier au bras rempli de beaux œufs, de fromages et de volailles. Le marché était celui du Bois d’Oingt distant de 5 kilomètres. La famille FERRIERE possédait un âne avec un bât, qu’elle chargeait de produits de la ferme…

1901 : la voie de chemin de fer « Le TACOT » reliant Villefranche à Tarare obligeait à parcourir 5 kilomètres à pied par-dessus les collines pour rejoindre les gares les plus proches. Puis viennent les premières voitures à trotter, tirées par un cheval. Une dame du hameau ayant eu un accident alors qu’elle conduisait le cheval , l’on entendait déjà :«Est-ce bien prudent de faire conduire les femmes ?». Ce sont aussi les vélos ; on commence à parler des exploits des champions cyclistes.

En 1928, ce sera la première automobile à Mussy puis les premiers vélomoteurs en 1933.

En 1934, le «TACOT» est arrêté ; cependant une ligne d’autocar le remplace, mais l’arrêt le plus proche est «La Croix de Mission» à Theizé. Il faudra attendre 1946 pour voir Oingt directement desservi par autocar reliant les marchés du lundi à Villefranche et du mardi au Bois d’Oingt.

Les routes :
Avant 1900, le chemin pour aller de Mussy à Saint-Laurent d’Oingt passe par la vallée du Vervuis. Il fallait la traverser et parcourir 400 mètres en pente pour arriver au village.
La route ouverte vers 1900 passe à flanc de coteau et dessert également Polluy et Sardinat. Les attelages circulaient plus facilement avec leur charge. La route entre Mussy et St Laurent d’Oingt sera goudronnée en 1959. C’est là que l’appartenance à St Laurent prendra tout son sens.

Au début du siècle, les habitants des hameaux de Mussy, Caton et Barnigat étaient partagés entre leur appartenance à la commune de St Laurent à 3 Kilomètres et celle de Oingt plus proche.
Ainsi, plusieurs enfants des hameaux sont allés à l’école à Oingt jusqu’en 1903 ; il en était de même pour les sorties des adultes telles que les coiffeurs et les stations au bistrot.
Depuis 1971, quatre routes desservent les hameaux. On ne vient plus à Mussy, on y passe.

 

Vie et fêtes au Pays:

A la fin du XXème, MUSSY organisait une vogue. Le dernier café du hameau a fermé vers 1920.
La Saint VINCENT, fête du patron des Vignerons a tenu jusqu’en 1939. Elle donnait lieu à des festivités qui commençaient par un défilé musical dans Mussy. Elle regroupait les habitants des trois hameaux, et des SABOTES. Le banquet avait lieu en divers endroits et bien sûr les chansons étaient de rigueur.

A la fin de la guerre , les «VINCENT» issus de la dernière Fête de 1939 à Mussy font partie des premiers organisateurs de la première Saint Vincent à Saint Laurent d’Oingt .

Les habitants de Mussy et Bernigat ont renoué en 1972 avec une fête spécifique. Les enfants ayant invité toute la population à un feu de camp près du Vervuy dans l’été 1971, Nicolas SAPIN fils avait proposé de faire un méchoui annuel. L’idée a fait son chemin. Depuis, un jour de semaine est fixé chaque année en réunion où tout le monde peut être présent. Un lieu est alors déterminé (la rue ou un cuvage) le menu aussi. Tables et chaises de vendanges sont rassemblées le matin. Le repas de midi est pris en commun.

Un concours de pétanque et des jeux sont organisés mettant en appétit pour le repas du soir. Les vainqueurs du concours de pétanque se voient attribuer la Coupe René CHERMETTE du nom d’un autre organisateur historique de la Fête. Jusqu’à 1940, la boule lyonnaise se jouait au hameau, avec le « jeu de la Croix » puis au Barnigat.  Après la guerre, les joueurs de Mussy ont rejoint les jeux publics des villages des alentours.

Dans un document datant du 2 mai 1868, un propriétaire de Mussy écrit au sous-préfet de Villefranche pour lui demander à la fois la possibilité d’organiser la Vogue et d’ouvrir un débit de boissons. Le sous-préfet après l’avis favorable du Maire MARDUEL de Saint-Laurent d’Oingt, en date du 3 mai, donne son accord le 4 mai.

La vie dans les familles:

Fidèles à notre désir de voir la vie depuis son échelon le plus proche des familles, nous prendrons quelques faits qui ont marqué l’ensemble de la communauté des hameaux. Nous ne dirons pas tout, seulement des moments où tous ont partagé la joie et la peine.

  Regardons d’abord les histoires de vie qui sentent un peu «la fleur bleue» :

  • Marie CLAUTRIER est née vers 1870. Son père, le bâtisseur de plusieurs maisons est veuf. Il confie son enfant à une tante à Ste Paule. Celle-ci,lorsque Marie devient jeune et belle veut la marier, sinon pas d’héritage !!...Marie cède et se fiance,selon les vœux de sa tante qui meurt avant le mariage… Marie hérite, n’hésite pas, rompt ses fiançailles, pour épouser l’Amour de sa vie : Claude LIVET, ouvrier agricole. Ils auront deux enfants.
  • Joannès, fils de Marie et de Claude, épouse Antoinette PETIT, s’installe au Barnigat en 1912, fait toute la guerre de 14/18 dont il a la chance de revenir. En 1919, naît une nouvelle petite Marie. Cette dernière conserve dans ses souvenirs d’enfance, un panier à couvercle offert par son père (confectionné par Jean PRAT vannier à Mussy).

Maintenant, quelques-uns des moments difficiles :

  • Joannès LIVET avait une démarche vive et un port fier et élégant. Il gardera toute sa vie dans son porte-monnaie une médaille. Cette médaille lui fut offerte par Marie SOURD, épouse de Louis Alix à son départ à la guerre. Alors qu’il est en pleine santé, il meurt en 1957, victime d’un accident en tombant dans le chantier de l’adduction d’eau.
  • En 1982, Jean-Yves SAPIN décède d’un accident de moto en allant rejoindre sa fiancée. «La maison de Jean-Yves, la vigne de Jean-Yves» rappellent la place occupée dans le pays par ce garçon de 25 ans. Il avait tout aménagé pour son ménage. En 1994, le lundi de Pentecôte, André Sapin fait trois tonneaux avec son tracteur, grosse frayeur pour tous, mais après 18 mois de lutte, André retrouve toute sa vitalité.

Les Hameaux dans la Grande Guerre:

Mussy, ce sont 13 hommes au moins partis au combat, 5 ne reviendront pas : Jean et Pierre MARDUEL : les frères de Louise (voir ci-dessous) Joannès et Jean-Antoine MARDUEL DEBROUX et Joseph ALIX.

Cinq reviendront blessés, malades ou gazés dont : Jean DESCROIX, (gazé, il mourra à 41 ans) ; Antoine SONNERY (amputation d’un bras) ; Nicolas SAPIN (ses filles lui retireront des éclats d’obus pendant longtemps) ; Jean-François LOUIS, malade durant la guerre, restera longtemps très marqué.

Les autres : Claude SAPIN, Antoine PIVOT, Joannès LIVET et Louis MARDUEL (le 3ème frère de Louise) reviendront avec de nombreuses décorations.

Outre le roman historique de Jean REBY-FAYARD, éditions Cheminements ou a commander à Ecobeauval, on trouvera dans l’exposition de Saint Laurent d’Oingt (visible immédiatement à la bibliothèque de la commune) des compléments sur la guerre et le relevé des monuments des Morts pour la France » sur le site : http://www.memorial.genweb.org

Dans le roman « Pierrette des Vignes aux tranchées » cette séquence de la vie des hameaux est largement reconstituée par la rencontre des familles PIVOT et MARDUEL avec Pierrette. Nous renvoyons aux scènes de l’été 1917 lorsque Pierrette arrive à Mussy avec Jeanne MAGNY et rencontre la maman d’ Antoine PIVOT et Louise-Clémence MARDUEL alors âgée de 14 ans.

L'agriculture dans le siècle:

 Au début du siècle, la vigne tenait une place beaucoup plus importante que maintenant. La crise viticole des années 1900- 1910, puis la guerre de 14 décimant les hommes l’ont fait reculer au profit de la polyculture et de l’élevage. Des surfaces difficiles à exploiter sont délaissées ( elles sont devenues acacias ou taillis). Les exploitations, petites( quelques hectares et quelques vaches laitières) resteront stables jusqu’aux années 50.

A ce moment- là se conjuguent l’évolution technique et l’arrivée d’une génération de jeunes voulant tous rester au pays. Les exploitations s’agrandissent par la récupération de surfaces qu’il faut souvent aller chercher loin. A la fin du siècle, les paysans des hameaux exploitent sur 8 communes.

Parallèlement à l’agrandissement, le développement de la vigne, favorisé par l’essor du Beaujolais, se précise.
Les jeunes utilisent à plein la possibilité d’extension du vignoble dans les années 60-80. Ils se spécialisent et la production laitière est abandonnée entre 67 et 84. Le dernier élevage se termine en 1995.

Il est heureux pour le pays que Ste Paule, la commune voisine, soit classée en zone de montagne avec l’ISM (Indemnité Spéciale Montagne, dénommée maintenant ICHN : Indemnité Compensatrice des Handicaps Naturels) aidant les éleveurs à rentabiliser les zones difficiles. Les pâturages des collines restent exploités, pour le plus grand bien du paysage et des vignerons.

Jusqu' en 1948, début de l’insémination artificielle, une corvée consistait à emmener les vaches au taureau …
Joseph TROUILLET, premier inséminateur pour toute la région, se souvient de ses venues à Mussy en 1949 ; il a été marqué par la difficulté que pouvaient rencontrer les animaux pour se nourrir.
Les vaches, bâtardes au début, puis grâce à la sélection des taureaux, progressivement de race Montbéliarde, améliorent les rendements laitiers d’autant qu’elles ne travaillent plus. Mais la culture de la vigne est l’avenir.
La production laitière est abandonnée en 1984, car la quantité ramassée se réduit comme peau de chagrin. C’est la fin de cette production dans le pays, comme d’ailleurs dans de nombreux autres villages du Beaujolais.

Le développement de la vigne:

Toutes les vignes au début du siècle, sont travaillées à la main (pioche et racle). Les vaches, outre leur modeste production laitière, sont attelées pour faire les charrois. Si dans deux exploitations on utilisait un cheval, certaines n’ont aucun moyen de traction animale et des charrettes à bras ont été utilisées jusqu’en 1945.

Jean-François LOUIS, combattant de 14/18, obtient un cheval de l’armée à son retour. Il possède donc Coco, qui sera le premier cheval à travailler dans les vignes en 1921. C’est déjà un allègement du travail physique, la pioche et la racle ne servant plus qu’à suivre le « cavaillon ». Mais le cheval ne passe pas partout. Vers 1942, apparaît le premier treuil pour labourer les fortes pentes.

Les premiers tracteurs enjambeurs n’étant pas adaptés à la déclivité, c’est l’arrivée des désherbants en 1970 qui apportera, par la « non culture » toujours pratiquée aujourd’hui, un réel soulagement à la pénibilité du travail dans les coteaux.

Les problèmes d’environnement qui découlent de cette pratique (pollution des rivières et des nappes phréatiques) interrogent beaucoup les vignerons d’aujourd’hui, d’autant que le retour au travail du sol dans les fortes pentes est incompatible avec la rentabilité actuelle de la viticulture.

La lutte contre les maladies, champignons et les éléments naturels :

La bouillie bordelaise et le pulvérisateur à dos ont fait bon ménage pendant plus de 50 ans pour le traitement du mildiou, avec le soufre sublimé et la poudreuse à dos pour l’oïdium.
La révolution, à partir des années 50, va se faire sur les produits et les appareils de traitement. Sur les produits ce sont : le soufre mouillable et les produits organiques de synthèse utilisables en mélange. Le pulvérisateur lui aussi se transforme : dans les coteaux, le compresseur avec un dérouleur et un tuyau tiré à la main, sera le premier progrès (1956), les atomiseurs à dos suivent (1959), puis les canons portés sur un tracteur fermier (1979).

Cuvages - Pressoirs:

D’après le cadastre de 1827, pratiquement aucun des bâtiments ayant servi de cuvage n’existait à l’époque, par contre toutes les habitations étaient élevées sur une cave voûtée. Pressoirs et cuves ont été logés en général dans des bâtiments annexes construits pour les protéger.

Trois habitations du dernier quart du 19ème siècle sont construites au-dessus du cuvage, ce qui nécessite une grande montée d’escalier pour atteindre le logement. Parfois le cuvier construit n’a été équipé de son pressoir qu’à la génération suivante.

Le premier pressoir installé en 1832 doit être le pressoir à roue de la famille Vernay (Charles Triboulet actuellement), visible au caveau de la coopérative de St Laurent d’Oingt, qui eut une fonction collective avant la généralisation des pressoirs qui s’est achevée dans le premier quart du 20ème siècle. Louise Triboulet, née en 1904,se souvient du transport de raisin fermenté au pressoir et du vin nouveau retournant dans les caves.

Le transport s’effectuait dans une benne à vendange portée par deux hommes, avec deux branches passées sous les cornières. Pour marcher avec la benne remplie de vin au ¾, il fallait marcher à pas alternés et en rythme afin de ne pas perdre le liquide. On mettait un broc à vin rempli aux 2/3 dans la masse de liquide pour maintenir l’équilibre.

La première pompe mécanique manuelle (catalane) a été achetée en 1920 par les frères Sapin. Dans les années 1925-1930, 19 pressoirs fonctionnaient : les plus anciens à « écureuil » ou à treuil et cabestan. Les systèmes    « américains » à barre et trois vitesses de serrage apparurent au début du siècle et ont été les plus nombreux. Duret, artisan à Lozanne, s’est illustré en réalisant la partie charpente des pressoirs qu’il équipait de système Marmonnier fabriquant des mécaniques de serrage.

Dans les années 1950, 15 de ces pressoirs fonctionnent encore, certains équipés d’assistance électrique ou hydraulique. Le bouleversement est venu après les années 60. La création de la coopérative a permis la libération des cuvages des adhérents, et les pressoirs horizontaux ont systématiquement remplacé les anciens pressoirs entre 1970 et 1980. Il reste actuellement 5 cuvages dans des bâtiments neufs ou complètement réaménagés. 

Fours à Pain:

Il y en a une douzaine dans le secteur et tous semblent avoir été construits entre 1830 et 1900, sans doute autour de 1850. En effet, le cadastre de 1927 ne comporte aucune des constructions ayant abrité un four, sauf peut-être la Maison Monfray (actuellement celle de Simon Sapin) et la maison Carle, puis Alix, dans cette partie sud qui semble une des plus anciennes du pays.

Ces deux lieux ont pu être des fours servant à cuire le pain pour tous les habitants du pays : ils ont tous deux un accès extérieur. L’époque de construction de ces fours semble être un élément accréditant le dynamisme de l’économie du 19ème siècle (entre 1830 et 1900) et une tendance forte à l’autonomie des familles. Le four individuel, comme le pressoir individuel, exigeant de gros investissements, indique un souci d’indépendance.

Ces fours semblent avoir été délaissés au profit du pain frais du boulanger (dans les familles, on faisait le pain pour un mois!). Après 1918, pratiquement plus personne ne faisait son pain, Michel Ferrière étant le seul à avoir fait son pain jusqu’à sa mort, juste avant la deuxième guerre .

Deux fours seulement restent entiers, celui de la maison Pertière-Sapin fonctionne régulièrement, cuisant pour la famille ou pour la fête de Mussy. L’autre est celui de Caton logé dans une petite construction au sud est du hameau. Ce four servait en 1900 aux familles Biolay-Petit.

Les commerçants ambulants :
Entre 1900 et 1920, des commerçants viennent à Mussy en voiture à trotter, ce sont : les épiciers, le boulanger et les bouchers.

  • Plusieurs épiciers sont passés par les trois hameaux. Ils venaient du Bois d’Oingt, de Pontcharra, de Villefranche et de Theizé (le dernier).
  • Un boulanger qui collectait aussi le lait, cède son commerce. Son successeur fait sa tournée en vélomoteur, avec une remorque, jusque dans les années 40.

A partir de 1926, avec l’arrivée de l’automobile, de nouveaux commerçants passent : Le dernier a pris sa retraite le 31 mars 1987.

Dans une autre catégorie, des marchands de tissus et vêtements ont sillonné la région : ils venaient de St Just d’Avray jusqu’en 39. L’un d’eux vendait aussi des chapeaux. Un jour il laisse son étal ouvert sur le coffre de sa C4, avance et recule pour tourner : les chapeaux sont aplatis sous les roues. Un autre venait de Grandris à partir de 1946, puis M. Goutard de 1951 à 1964. Avant 1940 , les plus courageux passaient à pied .
Autres commerçants :

  • Une mercière en provenance du Bois d’Oingt.
  • Un autre, en saison froide, vendait quelques kilos de poisson. Certains de ces colporteurs étaient des gagne-petit, handicapés par la vie, veuves de guerre ou victimes de maladies et non indemnisés.

Il reste toujours quelques commerçants ambulants dont le service est apprécié.
Plusieurs histoires sont rapportées sur les tueurs de cochons sévissant dans les hameaux.

Personnalités et personnages:

Benoît-Marie VERNAY (1864-1924) dit aussi « Chauve-souris » parce qu’il portait une pèlerine qui lui donnait l’allure de l’oiseau de nuit. Célibataire, ce personnage pittoresque s’intéressait à la politique et écrivait des articles sous les pseudonymes de : " Mathieu de la Drôme " et "Père Campi "

« La mère DESCROIX » (1870-1948) : Claudine Passot, son mari Jean Descroix et leurs 3 enfants, Jean, Marie et Pierre ont acheté en 1917 la propriété Carle. En 1927, Pierre se suicide par dépit amoureux. Le fils aîné Jean, gazé en 14, meurt en 1933 ; son père le suit en 1934. Veuve, Claudine va exploiter seule les terres avec quelques coups de main. Elle a deux vaches, un jardin et deux petites charrettes à bras. Les enfants (qui l’aiment beaucoup) l’aident parfois en rentrant de l’école à ramener une charge de bois mort. Joyeuse, elle chantait le Roi Dagobert et faisait rire en insistant sur le couplet « Le bon Roi Dagobert qui pète en mangeant des pois verts … ».

Claudius ALIX (1898-1987) : Louis Alix fut conseiller municipal et adjoint au maire. Son fils Claudius, également conseiller, poursuivit la tâche de son père, notamment en organisant avec le cantonnier les « barloques » : corvées collectives d’entretien des chemins (couper les buissons, boucher les ornières, entretenir les recoupes). Tous les ans, il organisait le nettoyage du lavoir. Possesseur de la première voiture du hameau 1931, le couple accepte aussi la première cabine téléphonique des hameaux en 1949, avec la charge de faire parvenir les messages aux voisins et de les accueillir.

Nicolas SAPIN (1895-1980) est l’aîné des 5 enfants de Pétrus Sapin et Marie Meunier. Il revient blessé à la tête de la guerre de 1914. Tout au long de sa vie ses filles lui ont enlevé des petits éclats d’obus revenant en surface. Amateur de jardinage, cultivant des poires dans des bouteilles pour les mettre à l’eau de vie, il mariait les blagues et les belles histoires de chasse, fin greffeur il participait comme moniteur avec Charles Triboulet au cours de greffage à l’intention des jeunes au foyer rural municipal.

Louis MARDUEL (1896- 1967) est l’un des revenants de la Grande Guerre et a été le ramasseur de lait dans les hameaux de la région. Cette fonction lui permettait pendant la guerre 39-45 d’avoir une attribution d’essence dont il fait bénéficier l’ensemble des clients de sa tournée… et d’autres! Sa camionnette C4 verte a transporté nombres de personnes et de marchandises. Il récupérait parfois, à leur grand bonheur, quelques gamins au retour de l’école. Il fut conseiller municipal. Sa mort tragique en 1967 souleva une grande émotion. Lors de ses funérailles, une foule impressionnante vint lui rendre hommage.

Charles TRIBOULET (1903-1989). Berger à partir de 8 ans ( à son grand regret car il devait manquer l’école de mai à novembre, alors qu’il aimait apprendre) puis ouvrier agricole, il vient s’installer à Glaizé (Ste Paule) en 1928, puis à Mussy en 1933. Travailleur manuel habile, ouvert au progrès technique, bon bricoleur, il participe à la vie de la commune : président de la cantine, de la mutuelle bovine, membre fondateur de la cave coopérative, il met au service des voisins, même lointains, son savoir-faire en matière de velages difficiles.

Jeanne SAPIN (1914-1994) est le deuxième enfant de Jean-François Louis et Francine Sadot, elle s’est mariée avec son voisin Jean-Pierre Sapin. Femme forte de corpulence et de personnalité, maman de 5 enfants, elle disait un jour avoir fini de payer l’accouchement d’un de ses enfants à la naissance du suivant (vive la sécurité sociale !!). Active, elle a participé au développement des services de l’association familiale (par exemple machine à laver itinérante dans les années 50) et à la cantine. Elle faisait le marché en vélo. Dotée d’une bonne voix, elle pouvait parler à son mari travaillant sur les coteaux de Ste Paule depuis la rue de Mussy. 

Albert SORNAY est le dernier exploitant agricole à Caton de 1939 à 1949. Tisseur sur métal, il est venu au décès de son beau-frère Baptiste Giors immigré italien qui avait acheté l’exploitation en 1938. C’était un homme joyeux. L’adaptation à l’agriculture fut rude, son épouse Ercoline Belleto en témoigne. Chaque matin il descendait le lait à Mussy, portant un joug sur le cou avec un bidon à chaque extrémité. Après la guerre il quitta Caton et reprit son ancien métier.

A la fin des années 40, on parlait du « préfet » de Mussy (Louis Marduel) du « sous-préfet » du Barnigat (Barthélemy Vernier) du « maire » de Caton (Albert Sornay). Un petit air de « commune libre »...